Le Conscrit du Langue dô

Je suis t'un pauvre conscrit
De l'an mille huit cent dix.
Faut quitter le Langue dô
Le Languedô, le Langue dô.
Oh ! il faut quitter le Langue dô
Avec le sac sur le dos.

Le maire et aussi le préfet
N'en sont deux jolis cadets.
Ils nous font tirer z'au sort
Pour nous conduire à la mort.

Adieu, mon père, au revoir,
Et ma mère, adieu, bonsoir !
'Crivez-moi de temps en temps
Pour m'envoyer de l'argent.

Dites à ma tante que son neveu
A t'attrapé le numéro deux
Qu'en partant son coeur se fend
Tout comme un fromage blanc.

Adieu donc, chères beautés
Dont nos coeurs sont z'enchantés !
Ne pleurez point notre départ.
Nous reviendrons tôt z'ou tard.

Adieu donc, mon tendre coeur
Vous consolerez ma soeur.
Vous y direz que Fanfan
Il est mort en combattant.

Qui qu'a fait cette chanson
N'en sont trois jolis garçons.
Ils étiont faiseux de bas
Et à cette heure ils sont soldats.